jeudi 2 avril 2009

LGF en AG (3e essai)

Je suis rentrée chez moi, la mine passablement chiffonnée, à en juger par les regards de ceux que je croisais. En fait, l’encre des tracts sur lesquels je m’étais endormie n’était pas sèche, et j’avais la joue barrée d’un gros « FSU » (Feignasses Solidaires et Unies).

Je remets quand même ça cette semaine, parce qu’on expérimente un nouveau concept : l’AG d’UFR (Union de Feignasses Renfrognées). Dans le petit matin frisquet, je rejoins donc mes camarades de mon UFR dans l’Amphi Pécresse (en hommage à une ministre débordante d’amour pour les Universitaires) tandis que d’autres collègues font pareil dans l’amphi Sarkozy (en hommage à un président pétri d’humanité[s]). Pas pratique, l’amphi en pente, pour les ongles de pied. Je renverse mon flacon de dissolvant sur les mocassins de mon doyen, et me laisse tomber à ses côtés. Je m’assoupis discrètement, une fois de plus (j’ai passé la nuit à recompter mes tubes de rouge à lèvres au lieu de rédiger mon article), et lorsque je m’étire en me réveillant, les collègues croient que je demande la parole, dont (I guess) personne ne veut depuis une bonne demi-heure. Alors, pour passer le temps, je fais voter une motion, avant de retourner à la contemplation mes ongles.

D’ailleurs, absorbée par cette tâche passionnante, je ne suis pas trop le débat sur le point suivant de l’ordre du jour, qui en compte six. Quand je lève mon œil alerte et légèrement fardé de gris perle, je réalise que tout le monde a la main levée, mais je ne sais pas pourquoi. Vous n’imaginez pas, le temps que ça prend de soulever une main à mobilité réduite par une hypertrichose comme la mienne. Je me retrouve toute seule, mes ongles parfaitement limés au bout de mon bras en l’air, alors qu’on est déjà passé à « qui est contre ? ». Flûte, tout le monde me regarde d’un air bizarre, et personne ne comprend qu’une feignasse comme moi vote contre la grève (mais en fait, ça doit être un acte manqué, ça occupe drôlement de faire la grève, j’aurais jamais imaginé).

Tant pis, je pourrai toujours dormir dans mon transat pendant le cours de demain, je dirai aux étudiants d’apporter leurs serviettes de plage. J’essaie de retrouver une position confortable (pas facile) sur mon siège d’amphi en bois pour piquer un nouveau petit somme en douce, cependant que mes collègues débattent du 2e point, qui consiste à savoir si l’on va à la manif de la capitale à pied, à cheval, en voiture… Pendant que mes paupières s’alourdissent, j’entends encore vaguement le mot SNCF (Société Nationale de Charretées de Feignasses – partout, elles sont partout) et je sombre dans un sommeil bienheureux.

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